Des manifestations lancées par des camionneurs ont paralysé la capitale canadienne, Ottawa, pendant des semaines et bloqué des passages frontaliers cruciaux. Comme pour d’autres manifestations contre la pandémie, ce qui avait ostensiblement commencé par un grief spécifique, à savoir l’introduction de la vaccination obligatoire pour les camionneurs voyageant entre le Canada et les États-Unis, s’est rapidement transformé en un mouvement plus large qui a accueilli toutes sortes de théories du complot, d’idées d’extrême droite et de revendications extrémistes. Les manifestations ont attiré beaucoup de soutien de l’extrême droite de Trump et ont inspiré des manifestations similaires dans plusieurs pays européens, en Australie et en Nouvelle-Zélande. En fin de compte, une réponse musclée du gouvernement canadien ne peut qu’alimenter davantage le sentiment de mission à accomplir de ce mouvement disparate galvanisé par la pandémie.

Ottawa revient à la normale. L’occupation de la capitale canadienne par des camionneurs protestataires a pris fin lorsque le premier ministre Justin Trudeau a invoqué la loi sur les mesures d’urgence, qui lui confère des pouvoirs étendus. Mais si les manifestants et leurs camions sont passés à autre chose, une minorité qui se fait beaucoup entendre continue d’exprimer son mécontentement.

Un changement majeur au Canada

Pendant trois semaines, les manifestants ont assiégé le centre-ville d’Ottawa, leurs camions étant garés devant le Parlement. Ils étaient venus de tout le pays pour former ce qu’ils appelaient un « convoi de la liberté ». Un camion à plateau sert de podium à plusieurs orateurs enflammés et en colère, dont les discours sont accompagnés de musique à fond. La manifestation s’éternise ; les habitants se plaignent des perturbations, du bruit et des tas d’ordures, mais aussi de l’hostilité de certains manifestants.

Les manifestants considéraient leur colère comme légitime. Leurs manifestations ont d’abord été motivées par l’obligation faite aux camionneurs qui traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis de présenter une preuve de vaccination contre la COVID-19, faute de quoi ils devraient passer 14 jours en quarantaine.

Mais ce n’était que le début de leurs griefs. La question de la vaccination a permis de faire converger des plaintes très diverses.

Les manifestations d’Ottawa ont été les plus importantes et les plus vigoureuses, mais elles ont entraîné des événements similaires dans d’autres villes canadiennes, ainsi que des blocages aux points de passage frontaliers. La plus importante de ces manifestations a entraîné la fermeture du pont Ambassador, une artère commerciale cruciale qui traverse la rivière Détroit.

Les manifestations du « convoi de la liberté » étaient loin d’être les premières, au Canada ou dans le reste monde, à réagir à certains aspects de la pandémie. Au cours des deux dernières années, le Canada a été le théâtre de nombreuses manifestations contre le port du masque et la vaccination, et bon nombre d’entre elles se sont déroulées devant des établissements de santé et des écoles.

Mais alors que les manifestations précédentes étaient sporadiques, celles-ci ont duré plus longtemps. Elles semblent marquer un changement, du moins au Canada, dans la volonté des divers groupes marginaux de faire cause commune. Elles ont montré une nouvelle fois comment les groupes qui existaient déjà avant la pandémie ont utilisé les restrictions introduites dans le cadre de celle-ci pour en faire une question centrale et décisive et tiré profit de la frustration de la société à l’égard des mesures de lutte contre la pandémie pour promouvoir des idées extrémistes.

Les manifestations ont également marqué un changement dans les tactiques utilisées. Les manifestations des camionneurs, qui utilisent leurs véhicules lourds comme des atouts, ne sont pas nouvelles, mais c’est la première fois que les manifestations ont lieu en plein cœur d’une ville et ont de telles répercussions sur la vie des personnes. Ce type de manifestation ne sera probablement pas la dernière.

Le soutien de l’extrême droite transcende la frontière canadienne

Les mauvais côtés des manifestations n’ont pas tardé à se manifester. Le 29 janvier, des manifestants ont été accusés d’avoir uriné sur le Monument commémoratif de guerre du Canada, d’avoir dansé sur la tombe du soldat inconnu et d’avoir accroché une bannière antivaccins à la statue de Terry Fox, un illustre militant de la lutte contre le cancer. Certains brandissaient des drapeaux à croix gammée. Les manifestants ont harcelé le personnel d’une cuisine pour sans-abri, exigeant qu’il leur remette de la nourriture. Ils ont insisté pour aller à visage découvert dans des endroits où les masques étaient obligatoires. Comme on pouvait s’y attendre, les manifestants ont menacé les journalistes, les accusant de propager de fausses informations, à tel point que certains d’entre eux ne se sentaient plus en mesure de porter des masques, car ceux-ci faisaient d’eux des cibles.

Bien sûr, il convient de souligner que tous les manifestants n’ont pas agi de la sorte. Néanmoins, comme le suggère ce comportement publiquement inacceptable, il s’agissait d’un rassemblement de groupes marginaux : le Canada a l’un des taux de vaccination contre la COVID-19 les plus élevés au monde, et environ 90 % des camionneurs transfrontaliers ont été vaccinés. Le syndicat des Teamsters (conducteurs routiers) a pris ses distances par rapport aux manifestants et a condamné leurs « manifestations de haine ». Au fil des manifestations, les sondages d’opinion ont régulièrement montré que la plupart des gens ne les approuvaient pas. Mais la petite partie du public qui a pris part aux manifestations ou les a soutenues constituait une minorité très engagée.

Comme nous l’avons vu à maintes reprises dans le cadre de la pandémie, les manifestations étaient initialement un signe de colère contre les vaccinations obligatoires pour une profession spécifique, puis sont devenues un moyen de formuler un éventail de plus en plus large de revendications et d’exigences. Ces manifestations ont vite fini par impliquer les groupes habituels de revendications, à savoir les personnes pour qui les précautions de base en matière de santé publique constituent une atteinte injustifiée aux libertés individuelles, les théoriciens du complot qui nient l’existence de la pandémie ou la mettent sur le compte de la 5G, les partisans de la théorie complotiste QAnon, les partisans de Donald Trump et les théoriciens complotistes accusant Bill Gates. Les manifestations ont permis de rassembler des opinions marginales auparavant isolées. Tous les participants n’étaient pas des extrémistes d’extrême droite, mais la plupart d’entre eux soutenaient ces manifestations.

L’un des principaux organisateurs des manifestations, un groupe nommé « Canada Unity », a soumis un « protocole d’accord » absurde au gouverneur général et au Sénat canadien, qui exigeait la levée de toutes les restrictions liées à la pandémie, ce qui constituait un ultimatum auquel le gouvernement n’allait jamais céder. Certains sont même allés plus loin en exigeant la destitution de Justin Trudeau. Le fondateur de Canada Unity, qui est partisan de la théorie complotiste QAnon, a demandé que Justin Trudeau soit jugé pour trahison.

Aux yeux des Canadiens libéraux, qui sont fiers de la politique relativement stable de leur pays par rapport au « cirque politique » du sud de sa frontière, cette situation semblait plutôt être typique des États-Unis. Et dans un sens, elle l’était. L’extrême droite américaine n’a pas cessé de saluer les manifestations au Canada. Comme on pouvait s’y attendre, Donald Trump a exprimé son soutien aux manifestants, qualifiant Justin Trudeau, centriste, de « fou d’extrême-gauche ». Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui envisage également de se porter candidat à la présidence, lui a emboîté le pas, malgré son programme chargé dont les priorités consistent à lutter contre les guerres culturelles, à remettre en cause le droit à l’avortement et à prendre pour cible les personnes LGBTQI+. Une autre personne célèbre, à savoir Elon Musk, a également tweeté son soutien. Il semble que toutes les personnalités d’extrême droite aux États-Unis et dans d’autres pays se sont en quelque sorte approprié les manifestations au Canada.

Le soutien dont bénéficiaient les manifestants n’était pas seulement moral. Ils ont également été soutenus grâce à un financement participatif, récoltant plus de 10 millions de dollars canadiens (environ 7,8 millions de dollars américains) sur la plateforme GoFundMe avant que la page ne soit retirée en raison de violations des conditions de service, ce qui a entraîné des accusations de la part des responsables politiques républicains américains contre la société. Les organisateurs de la manifestation se sont ensuite tournés vers des plateformes moins transparentes, ainsi que vers les crypto-monnaies. Un hacker a divulgué les noms de plus de 90 000 personnes ayant fait des dons via la plateforme GiveSendGo : 56 % d’entre elles étaient situées aux États-Unis, contre 29 % au Canada. Certains donateurs seraient des employés du gouvernement américain. Une fois de plus, la situation illustre bien un paradoxe : celui des nationalistes d’extrême droite qui mobilisent des ressources au-delà des frontières de leur pays.

Une démarche politique malavisée

Dans le même temps, le niveau de soutien canadien dont témoigne le montant des dons ne peut pas être négligé. Il n’est plus possible pour les Canadiens de penser que leur pays est « imperméable » au Trumpisme et aux autres courants d’extrême droite. Bien qu’il ne dispose pas d’un mouvement chrétien fondamentaliste aussi puissant que celui des États-Unis, on ne peut ignorer que le Canada a bel et bien un problème d’extrême droite à l’intérieur du pays, ce qui peut donner lieu à des violences : en février, un groupe armé a été accusé de comploter pour tuer des policiers ; ses membres ont été accusés d’avoir des liens avec les leaders de la manifestation d’Ottawa.

Il n’est plus possible pour les Canadiens de penser que leur pays est « imperméable » au Trumpisme et aux autres courants d’extrême droite.

Fait troublant, l’extrême droite n’était pas la seule à manifester son soutien aux manifestants canadiens. Plusieurs membres de l’opposition du Parti conservateur, l’un des deux principaux partis du Canada, se sont rangés du côté des manifestants. Parmi eux figurait le chef du parti, Erin O’Toole, dans ce qui était pratiquement son dernier acte avant d’être licencié pour avoir mené une campagne jugée trop centriste lors des élections de 2021. Les partis d’extrême droite n’ont pas fait de progrès en matière d’élections au Canada, mais cette manifestation a suggéré une autre manière d’influencer les choses.

Par la suite, les responsables politiques conservateurs ont pris leurs distances par rapport aux comportements les plus extrêmes lors des manifestations. Mais le fait qu’ils aient trouvé un terrain d’entente avec un mouvement dirigé par des extrémistes est sans précédent dans la politique canadienne, et constitue une réaction inquiétante après avoir perdu une campagne électorale menée au centre. Il s’agit au mieux d’une attitude opportuniste dangereuse, ou, au pire, d’une évolution inquiétante à plus long terme.

Tendances mondiales à la désaffection et à la désinformation

Depuis le début de la pandémie, des groupes partout dans le monde se sont mobilisés autour de diverses questions, telles que les restrictions à la circulation, l’obligation de port du masque et la vaccination, ainsi que pour nier l’existence même de la pandémie ou prétendre que sa propagation était intentionnelle. Quelle que soit la façon dont ils commencent, y compris en raison de véritables griefs concernant l’impact des restrictions sur les moyens de subsistance ou l’application trop stricte des mesures, le discours en ligne et les manifestations attirent rapidement un barrage d’opinions extrémistes, et deviennent source de désinformation et de théories du complot.

La plupart des personnes qui s’accrochent aux revendications liées à la pandémie et les intensifient sont issues de l’extrême droite, bien que dans certains pays, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni, des groupes obscurs d’extrême gauche se soient joints à eux. Les manifestations et les espaces en ligne favorisent la radicalisation de certains groupes, dont les préoccupations sont à l’origine raisonnables (par exemple le pouvoir des grandes entreprises pharmaceutiques) peuvent donner lieu à toutes sortes de théories du complot. Le scepticisme à l’égard de la pandémie peut être une porte d’entrée vers le fascisme, le racisme et la misogynie. La classe ouvrière en l’occurrence est impliquée, car les personnes se mobilisent en raison de la frustration qu’ils ressentent à cause de leur vie précaire et marginalisée.

Les groupes d’extrême droite qui existaient déjà avant la pandémie, y compris les partis politiques d’extrême droite, ont vu dans la pandémie une occasion de gagner des soutiens et de faire impression. Au départ, ils luttaient contre l’arrivée des migrants, les droits des femmes et les personnes LGBTQI+, puis ils ont commencé à résister à toutes les restrictions imposées dans le cadre de la pandémie et en ont fait leur objectif principal. Diverses revendications sont rassemblées dans un mouvement d’opposition à un ennemi commun, qui est dépeint comme l’État tyrannique. Ces groupes ont transformé des précautions raisonnables en matière de santé publique en décisions profondément politisées et polarisantes. Des questions qui, en réalité, sont tout à fait triviales, comme le fait de devoir porter un masque dans un bus, se transforment rapidement en appels à renverser les gouvernements et à juger les responsables politiques, les journalistes et les scientifiques comme des « criminels de guerre ».

Les responsables politiques d’extrême droite, tels que Donald Trump aux États-Unis, Marine Le Pen en France et Nigel Farage au Royaume-Uni, n’ont pas hésité à soutenir les manifestations non seulement dans leur pays mais aussi à l’étranger, offrant ainsi un aperçu des courants internationaux de soutien et d’inspiration qui soutiennent ces mouvements. Les partisans les plus fervents sont prêts à franchir les frontières pour faire cause commune : lors des manifestations contre un mandat de vaccination en Autriche, le gouvernement a noté que de nombreux militants venaient d’autres pays. Les mêmes symboles clés, souvent utilisés par l’extrême droite, reviennent souvent lors de manifestations partout dans le monde, tels que des bannières et des drapeaux de soutien à Donald Trump et au mouvement complotiste QAnon.

Les manifestations canadiennes n’ont pas seulement obtenu le soutien des partisans habituels, elles ont inspiré des évènements similaires dans le monde entier. Un « People’s Convoy » a vu le jour aux États-Unis. En France, un « convoi de la liberté » s’est rendu dans le centre de Paris en février, et n’a été arrêté que par une forte présence de la police, qui a tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants.  Une manifestation de véhicules de plus petite envergure a également eu lieu aux Pays-Bas.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande n’ont pas échappé à cette tendance. Un « convoi vers Canberra » s’est rendu dans la capitale australienne pour deux semaines de manifestations. Dans la capitale néo-zélandaise, Wellington, un mouvement de manifestation reste campé devant le parlement. Comme le Canada, la Nouvelle-Zélande aurait pu se croire à l’abri de tous ces évènements, car le pays a été admiré au niveau international pour l’efficacité de sa réponse à la pandémie, qui s’explique en partie par l’adhésion massive du peuple aux mesures prises par le gouvernement. Mais comme au Canada, même une minorité qui se fait s’entendre, aussi petite soit-elle, peut faire beaucoup de bruit.

Un précédent inquiétant

Au départ, de nombreux Ottaviens se sont plaints du comportement relativement passif de la police. Ils soupçonnaient que certains d’entre eux sympathisaient avec les manifestants. Les groupes autochtones ont souligné le contraste entre le maintien de l’ordre, souvent marqué par des abus et de la violence lors de leurs manifestations, et l’approche bienveillante adoptée à l’égard des camionneurs. Le 15 février, le chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, a démissionné à la suite de critiques concernant le maintien de l’ordre lors des manifestations.

La police peut prétendre avoir réussi à éviter une confrontation violente, alors que le danger semblait évident. Le blocus du pont Ambassador a pris fin après que la province de l’Ontario a déclaré l’état d’urgence, une mesure qui a rendu le blocage d’infrastructures cruciales illégal et l’application de lourdes peines possible, mais il s’est également terminé pacifiquement lorsque la police a persuadé les manifestants de faire partir leurs camions.

Mais pour mettre fin aux manifestations d’Ottawa, Justin Trudeau a eu recours à des mesures troublantes. Pour la première fois dans l’histoire du Canada, il a invoqué la loi sur les mesures d’urgence, qui confère au gouvernement fédéral des pouvoirs étendus et temporaires. Grâce à ces pouvoirs, la police a inondé le centre d’Ottawa, érigeant des clôtures autour du Parlement et établissant une zone sécurisée surveillée par des postes de contrôle. Trois dirigeants du « convoi de la liberté » ont été rapidement arrêtés. D’autres ont suivi, la police ayant arrêté des manifestants et remorqué leurs véhicules.

Après le départ des manifestants d’Ottawa, le total des arrestations s’élevait à 191, et 76 véhicules avaient été remorqués. Quelque 206 comptes bancaires de soutiens financiers présumés avaient été gelés. Au cours de l’opération, des policiers en tenue anti-émeute ont été déployés, des échauffourées ont eu lieu lors des arrestations et des grenades assourdissantes et du gaz poivré ont été utilisés.

Ce qui est le plus inquiétant, c’est que maintenant que la loi sur les mesures d’urgence a été utilisée, elle pourrait l’être à nouveau, peut-être lorsqu’une manifestation pour le climat ou contre le racisme perturbe de manière similaire l’espace public. L’utilisation de pouvoirs étendus contre des manifestations pourrait se normaliser. L’Association canadienne des libertés civiles intente une action en justice en raison de la loi sur les mesures d’urgence, accusant Justin Trudeau d’aller trop loin.

Des griefs qui vont persister

La tournure finale qu’ont pris les manifestations n’a pas donné satisfaction à grand monde, sauf peut-être aux Ottaviens qui ont pu vaquer à nouveau à leurs occupations quotidiennes. La petite partie de la population qui s’est mobilisée avec ferveur en réponse aux restrictions imposées dans le cadre de la pandémie restera active et très motivée. Il se peut qu’il n’y ait pas de retour en arrière pour les personnes qui ont été radicalisées par les manifestations et aspirées dans un univers parallèle de théories du complot. Ces personnes pensent avoir une mission, celle de sauver leur pays de la tyrannie. Aujourd’hui, elles sont non seulement enhardies mais aussi unies, contrairement à la majorité modérée. L’utilisation de pouvoirs drastiques pour mettre fin aux manifestations ne peut qu’alimenter davantage le sentiment de mission à accomplir que ces personnes ressentent.

Il est difficile de voir ce que le gouvernement canadien peut faire pour faire changer d’avis des personnes aux opinions aussi virulentes. Justin Trudeau pourrait être accusé de refuser de dialoguer avec les manifestants ; toutefois, dans les faits, il semblait y avoir peu de place pour la négociation, étant donné l’invraisemblance de leurs demandes et la haine viscérale de leurs leaders pour le premier ministre canadien. Aucune tentative de dialogue ne pourrait jamais les satisfaire, et pourrait même finir par se retourner contre ceux qui essaient de dialoguer, si l’une de ces tentatives était perçue comme leur accordant une quelconque légitimité.

Le seul espoir est qu’une fois la pandémie terminée, l’absence de sentiment d’union qu’elle suscitait chez les manifestants pourrait amener ces mouvements disparates à se disperser à nouveau. Mais la colère sera toujours là, guettant le prochain problème qui la galvanisera, et sera prête à être exploitée par des responsables politiques sans scrupules, au Canada et de l’autre côté de la frontière.

NOS APPELS À L’ACTION

  • Le gouvernement canadien doit s’abstenir d’invoquer la loi sur les mesures d’urgence en réponse à de futures manifestations.
  • Les entreprises de réseaux sociaux doivent s’engager à empêcher la circulation de fausses informations, de discours de haine et de théories du complot.
  • La société civile doit essayer de comprendre et de répondre aux doléances des personnes pour éviter qu’elles ne soient détournées par des groupes d’extrême droite.

Photo de couverture par ANDREJ IVANOV/AFP via Getty Images